Stabat Mater

Le dispositif scénographique est un espace à intégrer dans une boîte noire, hybridation entre une église, un théâtre et un abattoir. Après être entré par des lamelles d’espace réfrigéré, le spectateur découvre le cycle de la machine infernale se nourrissant de douleur. Asservissant des ouvriers qui s’activent pour l’alimenter, elle tourne autour des gradins portant des bancs d’église. Entre le plan proche de celui d’une église et la disposition des musiciens
en concert dans un arc cercle, la lumière ouvre et dévoile un autre espace. La plateforme où se trouvent les instrumentistes se disloque pour s’intégrer à la chaîne de production. J’ai recherché à sacralisé la violence banale présente au quotidien dans les abattoirs en travaillant les carcasses comme des sacs de sciure blanche utilisée pour absorber le sang, et ces derniers ornementés de manière baroque. Décoration et corps saints, ils changent de statut tout au long de la représentation.
Le clavecin devient orgue une fois accolé aux tuyaux utilitaires de l’abattoir, les vitraux se composent d’images de poules en cages, les chaires d’église deviennent structures élévatrices, l’ouverture en forme d’arche en fond de scène oscille entre bâche d’hygiène
et évocation d’une rosace d’église, un évier de collectivité devient bénitier... Musiciens bouchers, chanteurs carcasses de viande et ouvriers tuant le Christ, voilà les ambiguïtés qui apparaissent pendant ce Stabat Mater.

Photos : Alice Nédélec